Créés en 2011, les Open Badges prennent de plus en plus d’ampleur à l’échelle nationale française et ce dans de nombreux contextes. Entrepreneur optimiste passionné par l’innovation et la complexité de notre société en mutation, et conférencier professionnel, Chris Delepierre nous donne sa vision de l’avenir du badge numérique.
La place de l’Open Badge dans notre économie en 2021
Historiquement les open badges sont naturellement utilisés dans des contextes d’apprentissage.
L’Education Nationale semble vouloir passer à la vitesse supérieure à l’image des projets menés par les académies de Montpellier ou de Poitiers (cf. l’initiative emblématique au collège Maurice Bedel de St-Gervais les Trois Clochers), le Réseau Canopé ou le CNED. Diverses universités (Bourgogne Franche-Comté, Caen, Tours) continuent d’expérimenter les Open Badges pour valoriser les engagements des étudiants. En 2021, des grandes écoles comme Skema Business School ou Neoma Business School devraient se lancer dans une telle démarche.
Les associations d’éducation populaire et celles œuvrant pour l’insertion sociale et professionnelle sont également des utilisateurs pionniers des Open Badges pour permettre la valorisation des talents de leur public comme La Ligue de l'Enseignement et association K-D'ABRA à Saint-Pol-sur-Ternoise avec des allocataires du RSA, le CIBC Normandie ou le réseau nationale APP. Les tiers-lieux et autres fablabs expérimentent également les open badges comme La Casemate de Grenoble, le Techshop, ou Le Dôme à Caen. On remarque également que de nombreux projets soutenus par le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) « 100 % Inclusion » recourent aux open badges.
C’est aussi dans les territoires dits apprenants que les open badges montrent toute leur pertinence en rassemblant autour de ce sujet de nombreux acteurs territoriaux. Les collectifs Badgeons les territoires se sont multipliés ces 3 dernières années (Normandie, Centre Val de Loire, La Réunion, BOAT en Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire, BRAVO Bourgogne Franche-Comté, etc..) et favorisent la démocratisation locale des open badges. Des projets OB sont également conduits à l’échelle des Cités Éducatives dans des quartiers prioritaires Politique de la Ville.
Enfin, dans le monde économique, ce sont principalement quelques grandes entreprises qui se sont emparées du sujet dans leur service innovation & RH comme chez IBM, SNCF Développement et plus récemment chez Renault.
Les acteurs et utilisateurs des Open Badges en 2021
En France, l’acteur de référence sur le sujet est l’association Reconnaître – ORA dont la finalité est de contribuer à la construction d’une société ouverte et apprenante fondée sur la reconnaissance des talents, des compétences et des aspirations des personnes, des communautés et des territoires. En effet, le vrai enjeu derrière cet outil qu’est l’open badge est bien celui de la reconnaissance ouverte qui demande de revoir nos modes de pensée. Chaque année, l’association organise la conférence internationale ePic dédiée à la reconnaissance ouverte, aux Open Badges et à l'ePortfolio et dont la prochaine édition aura lieu en octobre 2021 à Lille.
De concert avec le think tank #Leplusimportant, l’association agit actuellement au niveau national en faveur de la réinvention de la VAE pour une « reconnaissance en situation de travail » favorable à l’inclusion professionnelle des travailleurs peu qualifiés.
Les plate-formes à l’image d’Open Badge Factory sont également des acteurs majeurs de l’écosystème open badges et développent actuellement de nouvelles fonctionnalités : application mobile, plate-forme spécifique orientée RH, selfie badges, etc. À noter que l’agence ID6 dans le Nord vient de sortir une nouvelle plate-forme gratuite de création et d’émission d'open badges appelée DIVA.
L’avenir de l’Open Badge
Dans la décennie 2020, il devrait être de plus en plus facile de créer et d’envoyer des badges. En exemples, les générateurs de visuels de badges en cours de développement comme celui du Dôme ou des outils BadgeBot pour envoyer des badges comme on envoie des tweets sur Twitter.
L’enjeu majeur réside dans les nouveaux usages à inventer autour des badges favorisant l’adéquation formation-emploi et reconnaissance des acquis (employabilité), l’intégration verticale dans le monde académique (du primaire à l’université) et l’émergence de nouveau écosystème d’apprentissage (maillage entre académique, travail et communauté).
À ce titre, les open badges pourraient être utilisés pour identifier et valoriser tout le savoir et la connaissance transmis par une structure type école, association ou entreprise de par ses différentes interactions avec son écosystème et ses actions « éducatrices » de sensibilisation et de formation. Ceci afin que cette organisation soit véritablement reconnue par ses parties prenantes comme une organisation apprenante. À terme, les open badges pourraient être la nouvelle monnaie dans le cadre d’une économie de la reconnaissance pour reprendre la vision de Serge Ravet (pionnier des open badges et président de l’association Reconnaître - ORA) afin de donner sens et une valeur d’échange réelle à ce que l’on apprend tout au long de la vie.
Au sujet de Chris Delepierre
Ch’ti diplômé de Centrale Lille et de Skema Business School (formation Iteem Ingénieur-Manager-Entrepreneur), il a travaillé pendant plus d'un an au Réseau Alliances / World Forum Lille dans les domaines de la Responsabilité Sociétale de l'Entreprise (RSE) et de l'économie responsable. Depuis 2015, il développe l’entreprise sociale Trézorium dans le domaine de l’éducation créative et numérique et qui met en place des espaces de libération et de fabrication des idées (fablabs) pour enfants et grands enfants. Conférencier professionnel, expert APM sur l’l’intergénérationnel, conspirateur positif au sein de l’Institut des Futurs Souhaitables, Chris s’intéresse particulièrement aux open badges, à la responsabilité éducative de l’entreprise ainsi qu’aux EdTech.
Sur le même sujet, Hop3team vous dresse un portrait de l’ Open Badge : le badge numérique pour valider les « savoirs ».